Au rythme musclé où M. Sarkozy enfile les bluffs et les mensonges publics en alternance avec les déclarations méprisantes ou provocantes (1), on pourrait le penser sous l'emprise de substances illicites abolissant le discernement et la perception des dangers à la manière d'un junky jouant avec la mort inévitable sur l'étroit parapet d'un pont.
En cédant à l'impulsivité incontrôlée dans l'usage de mensonges qui seront inévitablement, rapidement et publiquement démontrés, on pourrait aussi discerner une incapacité pathologique à établir les conséquences néfastes personnelles de ses propres actes dans le futur immédiat tout comme l'absence de la perception vitale de la limite au-delà de laquelle le discrédit interdit de poursuivre son ambition par le violent rejet général.
On pourrait enfin voir dans ce comportement la recherche des sensations du sacrifice-martyr, dont nous avons constaté à plusieurs reprises qu'il exerce sur lui une sorte de fascination (2).
Or, en étudiant le timing entre les déclarations grossièrement mensongères et la réalisation de ce qu'elles couvrent, on constate que ces mensonges ne sont pas destinés à cacher la réalité mais à gagner le temps nécessaire pour la rendre irréversible.
De ce fait, si la majorité de la population a définitivement compris le caractère manipulateur de M. Sarkozy et en perçoit le grand danger, nous sommes obligés de constater qu'il arrive systématiquement à ses fins avec une consternante facilité en nous mettant devant le fait accompli, comme c'est le cas par exemple avec la nomination en force de son conseiller M. Perol à la tête du groupe Caisses d'Epargne-Banque Populaire dans la plus parfaite illégalité et le plus grand mépris, ou la réintégration de la France dans le commandement militaire de l'OTAN dont nous n'allons pas tarder à subir les conséquences (3).
Il s'agit donc moins d'une pathologie que d'une stratégie qui s'appuie sur la fréquence rapprochée des opérations de bluff, d'ailleurs de moins en moins bien "montées", de sorte que lorsqu'un mensonge suscite la réaction, elle est immédiatement dépassée par un autre mensonge couvrant un autre passage en force.
Ainsi, en redoublant les coups de bluff alternés avec les provocations, tel le boxeur qui enchaîne les séries de crochets et d'uppercuts pour déboussoler et saouler son adversaire, M. Sarkozy met en place ce qu'il ne pourrait même pas tenter normalement sans être rapidement éjecté manu-militari. La technique n'est pas très éloignée de celle qu'avait utilisée Georges Bush junior avec l'efficacité que l'on a pu constater, notamment dans la mise en place de la surveillance globale, des camps d'internement plus ou moins secrets tel Guantanamo ou du déclenchement de la guerre en Irak.
De ce fait, derrière cette stratégie élyséenne, se dessine pour nous des conséquences similaires à celles qui ont mis les Etats-Unis sous la chape sécuritaire, précipité son économie là où elle en est maintenant et détruit les classes moyennes sur lesquelles repose la société.
Par voie de conséquence, compte tenu de l'urgence nécessitée par l'ampleur de ce qui est mis en place sans retour et notamment la privatisation de la république, la problématique porte d'avantage sur ce qui est effectivement réalisé grâce à cette stratégie de mensonges répétés plus que sur l'argumentation démontant ces mensonges. Cela veut dire qu'avec cette stratégie M. Sarkozy ayant toujours un coup d'avance, les critiques ne pourront jamais interrompre concrètement ses actions, quelles que soient la qualité ou la pertinence de l'argumentaire ou le nombre de citoyens convaincus.
Face à cette évidence, la
question n'est donc probablement pas: Comment cela est-il possible ?
mais plus efficacement: Quand
va t'on,
nous-même,
arrêter la machine infernale ?
A lire pour illustration de l'importance du mensonge: Plus c'est gros, moins c'est crédible.... mais ça marche quand même.
NB: Merci de signaler les liens inactifs. Une copie PDF de ceux-ci vous sera adressée.
(1)
C'est par exemple le cas et le but de la déclaration
volontairement
provocante et méprisante: "Désormais, quand il y
a une grève en France personne
ne s'en aperçoit."
(2)Perceptible
dans l'omniprésence sur tout et sur rien, la prise de danger
inutile
par la suppression des "fusibles" institutionnels traditionnels et
l'émotion suscitée par les situations de martyr
comme par exemple: "Moi,
je n'ai pas à me plaindre d'avoir à
gérer la crise du siècle et d'avoir
à trouver des solutions. Parce que ce n'est pas tout le
monde qui a à
assumer ces responsabilités,..." (14/02/2009
Val d'Isère) - la
lecture de la lettre de Guy Moquet le jour de l'investiture puis
ensuite dans les écoles - etc... Voir aussi mon
analyse: Un
habile et curieux appel à la mémoire pour
s'habituer au futur en préparation
(3)Pour
ceux qui ne percevraient pas les conséquences de cette
nouvelle
donne, je ne peux que conseiller d'éviter les
séjours dans les pays
arabes en particulier ou la France (et par extention les
français) sont
considérés maintenant comme des ennemis.
Voir à ce sujet mon analyse: M.
Sarkozy met la France au service de l'OTAN et du messianisme neo
conservateur