Lorsque la France décida de garder en 1966 son indépendance vis-à-vis du commandement militaire intégré de l'OTAN sans quitter l'Alliance Atlantique, elle affirma la volonté d'exercer sans contrainte sa libre parole et d'être seule responsable de son destin, c'est à dire de posséder les deux principales conditions d'existence de tout Etat libre digne de ce nom.
Cette position était d'autant plus significative et courageuse face aux deux puissances mondiales - USA et URSS - que le rapport de force comportait à l'époque une dimension morale certaine puisque l'Europe et la France en particulier n'auraient pas pu se libérer de l'emprise nazie sans leurs interventions, même si ces dernières étaient motivées par des arrière-pensées géopolitiques impérialistes dont l'affrontement se traduisit par la guerre froide.
Une affirmation gaullienne du génie français mais aussi des dépendances très serrées.
Il fallait donc avoir une idée certaine de l'Histoire, vouloir un grand avenir digne de son passé pour notre pays qui se reconstruisait et être animé d'une réelle volonté de maintenir sa place dans le monde, tout en imposant le respect, particulièrement aux deux grandes puissances qui entendaient se partager l'Europe et le monde à l'issue de la seconde guerre mondiale. Si De Gaulle porte la paternité de la voix française d'indépendance et surtout la responsabilité de l'avoir rendu audible et respectée par la mise en chantier de la bombe atomique française, il ne faut pas oublier qu'une majorité de français partageait cette vision, ce courage et cet "orgueil bien placé".
Cependant, notre volonté de ne pas être asservi aux intérêts de l'une ou de l'autre des deux puissances mondiales majeures n'entachait pas le principe d'une relation privilégiée avec les USA - réel parrain et tuteur de l'OTAN - parce que l'Amérique était encore une démocratie digne de ce nom, que sa puissance économique en faisait un leader naturel et qu'elle bénéficiait d'une légitimité dans la résistance que nous partagions contre l'influence du bloc communiste et les signataires du Pacte de Varsovie dont la proximité géographique augmentait la menace.
Mais le principe gaullien de l'indépendance française n'avait pas qu'une dimension symbolique ou diplomatique puisque l'appartenance au commandement intégré de l'OTAN comportait aussi une dimension matérielle pouvant mettre en péril notre nation dans sa chair et dans ses finances par l'obligation de participer sans rechigner aux actions qu'il décidait en fournissant les moyens matériels et humains demandés. La perspective d'embarquer la France dans la potentialité de bourbiers militaires ne lui avait pas échappé lorsqu'il résumait parfaitement la situation en justifiant le retrait français par des mots d'une actualité brûlante: "Je ne veux pas que nous soyons entraînés dans un conflit contraire à nos intérêts.". Ce principe de pure logique et de gouvernance responsable n'a jamais été renié par ses successeurs qui n'entendaient pas que la France s'affaiblisse par la contrainte que subissent tous les supplétifs serviles et dociles de quelque puissance que se soit et..... qui ne voulaient pas apparaître eux-même comme tels aux yeux des français. C'est cette veine qui irriguait encore le discours prononcé par le ministre des Affaires Etrangères de Villepin à l'ONU le 14 février 2003 sur la crise iraquienne (texte, vidéo).
La réalité oblige cependant à moduler la portée et la consistance des positions officielles à l'aune des rapports de force et du dessous des cartes car l'histoire n'est jamais le fruit du hasard ni le résultat de la seule détermination de ceux qui sont autorisés à y inscrire leur nom. Ainsi, il convient de ne pas occulter le fait que si De Gaulle a tant affirmé l’indépendance nationale, il n'en devait pas moins son retour aux affaires à l’aide des États-Unis (1), ce qui en matière de marge de manœuvre et à ce niveau de pouvoir crée une dépendance et l'obligation d'une communauté d'intérêts supérieurs qui oblige à réduire les actes bien en dessous des déclarations. De ce fait, si De Gaulle a su indéniablement tirer le meilleur profit de sa dépendance aux services américains en les servant tout en prétendant les combattre, il n'a jamais dépassé les limites qui font sortir du jeu, de sorte que si la France a quitté le commandement intégré de l'OTAN en 1966, elle est restée pour autant "le plus fidèle et le plus turbulent allié des États-Unis".
Si les successeurs de De Gaulle sont restés officiellement jaloux de notre indépendance qu'ils n'ont jamais voulu reniée, ils ont parallèlement donné des gages sérieux de collaboration active. Ainsi,12 ans après le départ de De Gaulle, nous nous associons au système de défense intégré, puis en 1993 nous siégeons au Comité militaire avec voix délibérative. Nous sommes ensuite présents au conseil des ministres de la défense en 1996 ou nous envisageons déjà notre retour dans le commandement intégré contre l'attribution du commandement de la zone sud à un officier européen. Comme on le constate, c'est sous la présidence Chirac que la normalisation française vis à vis de l'OTAN a pris une tournure très active, préparant en quelque sorte l'officialisation de son retour à la fois symbolique et lourd de conséquences que M. Sarkozy, en américanophile déclaré, s'empresse et se fait un plaisir de sceller aujourd'hui.
La face cachée de l'OTAN
Si la mission de protecteur européen et d'épouvantail militaire face à l'URSS était la raison d'être officielle et la légitimité de l'OTAN, la fonction que la CIA lui avait attribuée depuis le début au travers de structures clandestines (2) appelées Stay behind (Trad: Rester derrière) conçues pour mener la collecte du renseignement, le sabotage, la propagande et structurer la guérilla en cas d’invasion communiste de l’Europe occidentale, prouve que l'ingérence dans les Etats européens et le contrôle des gouvernements faisaient aussi partie d'une stratégie de colonisation et de manipulation des populations.
C'est ainsi que la CIA a utilisé l'OTAN pour servir de couverture et de soutien logistique à ses réseaux d'influence et d'opérations illustrés par l'organisation clandestine Gladio (3) qui chapeautait et coordonnait ses armées secrètes et appuyait sa stratégie de la tension (4) en développant notamment ses False Flag Operations (5) destinés à mener une "guerre psychologique" pour maintenir l'Europe occidentale sous contrôle et dépendance américains. Les années de plomb italiennes ont prouvé à quel point l'usage de ces armées secrètes a été efficace pour provoquer la peur au sein de la population et discréditer une gauche communiste en passe d'accéder au pouvoir exécutif, en fabriquant des attentats terroristes attribués aux groupes d'extrême gauche mais perpétrés en réalité par des structures d'extrême droite recrutées à cet effet. Cette technique qui est aussi une marque de fabrique propre aux pouvoirs de l'ombre est plus que jamais d'actualité.
La fin du Pacte de Varsovie n'a pas entraîné celle de l'OTAN
Avec la chute du mur de Berlin, la dislocation de l'URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie le 1 juillet 1991, le Traité de l'Atlantique Nord n'avait plus de raison d'être. Or, en perdant officiellement sa cible originelle, l'OTAN non seulement n'a pas disparu, mais est entrée dans une phase d'expansion confirmant la mission d'influence et la volonté de maintenir sa fonction de base militaire, stratégique et technique que le tuteur américain lui avait assigné pour son propre compte en créant cette tête de pont en Europe. De 12 membres à la création le 4 avril 1949, on est passé à 16 à la fin du pacte de Varsovie et l'OTAN en comprend aujourd'hui 26, sans compter une bonne part de ceux qui adhèrent au Partenariat pour la Paix - structure associative - et ceux comme la Russie qui s'associent de plus en plus à ses actions.
L'argument de la menace soviétique étant caduc, une nouvelle justification a été donnée pour maintenir l'OTAN et justifier chaque nouvelle adhésion de membre. Ce fut la nécessité d'une indispensable alliance militaire au service du "bien", de la stabilité politique en Europe, de l’attachement aux "valeurs communes" euro-atlantiques et évidemment la garantie de renforcer la démocratie et l'économie de marché. Comme on pouvait s'y attendre compte tenu de la réalité de l'OTAN, cet esprit pacificateur s'est rapidement dissous dans la crise des Balkans dont on à peine à croire que l'organisation est étrangère au rôle de déclencheur. Il suffit de se rappeler la façon dont elle a voulu imposer l'occupation militaire de la Yougoslavie et la colonisation du Kosovo en empêchant Serbes et Albanais de se parler à la "négociation" de Rambouillet en 1999 et la suite qui a démontré le lien entre le déclenchement de cette guerre et l'installation durable de bases militaires US et de la mafia économique dans les Balkans et en particulier au Kosovo.
De l'Atlantisme d'alliance à l'Atlantisme d'influence puis à l'Occidentalisme de croisade
Depuis le 11 septembre 2001, la pacification et la stabilisation de l'Europe qui avaient modifié la mission de l'OTAN, sont passées au second plan pour laisser la place à l'expression d'une nouvelle philosophie et une extension de ses prérogatives politique et militaire. En dessinant une nouvelle fonction à l'OTAN, les USA ont augmenté de leur propre chef ses compétences et ses moyens, prémices à des interventions sur des zones géographiques et militaires qui sortent du cadre de l'Europe. De ce fait, l'organisation a pris la forme d'une sorte de bras armé extérieur dont la vocation à se substituer à une ONU, jugée frileuse et trop indépendante, est de plus en plus évidente comme l'ont montré ses implications hors Europe, en Iraq et en Afghanistan.
Ainsi, de l'alliance classique de 1949 -
fondée sur
l'engagement d'assistance entre des alliés -
à l'organisation
de gestion des crises
de 1989 qui s'érige - sans mandat - en gendarme universel,
bras
séculier de l'ONU qu'elle concurrence de plus en plus,
l'OTAN
a
poursuivi sa montée en puissance sur fond de
terrorisme
d'Etat, de
manipulations et d'ingérence
pour imposer ou garantir le calque du modèle
américain dans la grande Europe et impliquer
politiquement et militairement ses membres sur
les théâtres d'opérations
extra
européens que veut conquérir l'administration US.
Parallèlement, l'OTAN apparaît depuis
2001 sur bien des points comme l'interface
pilotant l'installation en Europe du modèle bushien
de contrôle et de surveillance des populations
que la Commission européenne et les ministres des Etats
membres se chargent de traduire réglementairement et de lier
techniquement aux dispositifs américains mis en place par le
Patriot Act.
Partant de ce double constat d'ingérence et de formatage, se dessine une mission quasi messianique. En passant de l'atlantisme à une sorte d'occidentalisme, l'OTAN a transformé ses membres alliés contraints militairement et financièrement par leur pacte en "suiveurs" obligés de la politique des USA, mais aussi en moines-soldat de la croisade de "l'axe du bien" incarné actuellement par les néo-conservateurs américains. Cette sorte de nouvelle croisade au masque judéo-chrétien (6) et aux contours aussi sombres que ses actions en Iraq, semble être le vecteur de la mise en place un peu partout dans le monde, d'un modèle de société politique, policière et économique qui ressemble fort à la quintessence de la réunion du capitalisme financier ultra-libéral et du communisme ultra-autoritaire, incarné actuellement par la Chine.
Une adhésion à la politique du chaos constructeur qui mène au nouvel ordre mondial
Derrière la
réalité de la croisade à laquelle M.
Sarkozy associe de fait la nation, il y a aussi une
théorie philosophique, celle du chaos constructeur
qui anime les stratèges
géopolitiques néo-conservateurs
américains et qui veut que la
pérennité des élites au pouvoir soit
conditionnée par la destruction de
toutes formes de résistance en plongeant les masses dans le
chaos. On ne doutera pas que les avantages techniques de
cette philosophie de gouvernance aient séduit au premier
degré les lobbies
économiques et financiers qui accompagnent l'administration
US, notamment ceux du BTP pour qui destruction signifie reconstruction
comme on a pu le constater avec l'attribution des contrats qui suivait
de quelques heures les assauts militaires en Iraq. On ne doutera pas
non
plus qu'elle puisse tenter n'importe quel politique partout dans le
monde qui
considère en secret que le passage par les urnes et
l'appréciation des citoyens sont des procédures
complexes et risquées qu'il serait profitable de
réformer.
Cependant, comme les initiés le savent, le chaos n'est pas une fin en soit mais un moyen qui conduit à la renaissance. A ce titre, le chaos constructeur vise, non seulement à la recomposition des forces dans des zones géopolitiques sensibles ou dignes d'intérêts, mais aussi à créer clairement les conditions de la naissance effective d'un nouvel ordre mondial dont le terme a été prononcé publiquement et officiellement pour la première fois le 11 septembre 1990 par Georges Bush senior dans une allocution télévisée prononcée deux jours avant l'adoption de la résolution N° 666 du conseil de sécurité de l'ONU confiant pour mission au Secrétaire général des Nations unies de veiller à la situation humanitaire en Irak et au Koweït. Une somme de symboles !
Dans cette perspective, on observera avec intérêt une logique et une cohérence entre la réintégration de la France dans le commandement de l'OTAN doté d'une nouvelle mission débordant le cadre européen et le discours solennel de M. Sarkozy le 26 septembre 2007 à la tribune de l'ONU (texte, vidéo) . Derrière les envolées classiques d'humanisme, d'écologie et de justice, démenties invariablement par les décisions qui suivent (ce dont il n'a pas l'exclusive), son invitation à un "New deal planétaire", ses appels à "tous les Etats à se réunir pour fonder le nouvel ordre mondial du XXIe siècle" et "à la conscience de tous ceux qui ont une responsabilité dans la conduite des affaires du monde, parce que si nous ne le faisons pas, les pauvres se révolteront un jour" et son affirmation que "la France pense que nous n’avons plus le temps d’attendre, elle demande l’action et encourage l’action. Elle pense qu'il faut que les choses changent" montrent la volonté de prendre le rôle laissé vacant par Tony Blair aux cotés de M. Bush dans un premier temps puis probablement de leader dans la stratégie de construction de ce Nouvel Ordre Mondial.
Ainsi, il y a peu de doute sur le fait que le nouveau rôle pris à l'OTAN imprimera à la présidence européenne française qui arrive, une impulsion significative dans le sens de ce nouvel ordre mondial et pourrait bien, hélas être marqué par un rapide investissement guerrier en direction de l'Iran, ce qui constituerait un feu de plus pour alimenter le chaos destructeur.
La
lourde responsabilité de faire ramer la France dans
une galère qui coulera.
On a vu qu'attribuer la volonté de rupture dans la stratégie d'indépendance diplomatique et militaire française au seul M. Sarkozy ne serait pas juste puisque depuis 1996 nos dirigeants ont flirté avec la fin de notre association-indépendance vis-à-vis de l'OTAN. Aucun cependant n'avait osé passer le cap officiellement ou en tout cas céder à la pressante demande des Etats-Unis, ce qui s'est révélé judicieux financièrement, politiquement, diplomatiquement et humainement lors de la seconde invasion meurtrière de l'Iraq. Peut être avaient-ils encore dans les gènes la parcelle du génie français qui préfère le dialogue, la négociation et l'entremise aux bombements de torses guerriers. Peut être avaient-ils aussi les scrupules d'affronter les sentiments et la réaction populaires, ce qui n'affecte pas M. Sarkozy comme il l'a prouvé notamment avec le Traité de Lisbonne ou la suppression du réferendum populaire préalable à l'acceptation de nouveaux membres dans l'Union Européenne.
Cependant, en décidant de son propre chef de réembarquer la France dans le navire amiral de l'OTAN, M. Sarkozy embarque la France dans une galère dont nous avons tout lieu de penser qu'elle coulera après avoir répandu la terreur et le sang. Que ses amitiés, voir ses sponsors et en tous cas son modèle de société et de philosophie soient profondément plus américains que français (7) est une évidence, mais cela n'excusera pas l'absence de grand dessin et de considération pour la nation française dont il ne pourra pas éternellement contenir le rejet grandissant aux passages en force dont l'histoire rappelle que les retours de bâton n'empruntent pas la voie pacifique.
En effet, les Etats-Unis sont une puissance en déclin dont le reflet de la réalité n'est plus perçu à travers le monde comme une démocratie positive, mais comme un pays (8) agressif, menteur et sans scrupules qui porte la guerre et le sang en Iraq et ailleurs. Mais c'est aussi selon Paul Craig Roberts, ancien Secrétaire-adjoint au Trésor de Ronald Reagan qui sait de quoi il parle, "Une société féodale ou les riches se font concurrence dans une consommation ostentatoire, tandis que les serfs se battent simplement pour survivre" et un pays qui "en tant que terre d'opportunité fait désormais partie du passé".
Cette seconde réalité suffit à comprendre que l'impérialisme guerrier américain, dont l'OTAN est un instrument destiné à impliquer militairement les pays européens, n'a pas la force et le contenu qui accompagnaient les impérialismes que l'histoire a connus, ce qui lui interdit le même avenir et par conséquent prédit l'anéantissement à terme de ceux qui l'animent et des nations qui s'y rallient. Les conquêtes de Rome s'appuyaient sur une société florissante ou la classe moyenne avait sa place et où l'extension des territoires obtenue par le fer s'accompagnait d'un véritable projet de société qui apportait techniques et savoir-faire dont bénéficiaient les populations.
L'administration américaine d'aujourd'hui qui ne peut exporter que la misère et les potentats qui ruinent sa propre population n'est donc pas le fait d'un grand dessin politique partagé par son peuple, mais l'expression d'un lobby économicio-financier de type prédateur, dont le seul but est de capter les richesses naturelles et financières pour son propre compte et de privatiser ses conquêtes territoriales et humaines en substituant une gouvernance privée aux Etats politiques sur un fond de vision élitiste et darwinienne de l'humanité qui implique une gestion tayloriste des populations asservies.
Il va sans dire que cette
réalité ne s'inscrit pas dans le destin de
l'humanité compris par l'immense
majorité des humains, et qu'à ce titre des
Spartacus en grand nombre lèveront immanquablement les
foules quand celles-ci subiront un sort
commun après avoir cédé aux
affrontements actuels orchestrés pour les diviser. Je pense
d'ailleurs que c'est en
prévision de cette inévitable
échéance que s'installe à marche
forcée le Big Brother planétaire
dont l'OTAN est aussi l'interface européenne et que se
constituent des armées privées du type
de Blackwater.
Ce seul fait, produit d'une réelle paranoï,
démontre d'une part la peur de ne
pouvoir contenir à terme les populations par la manipulation
puis par la force, et par voie de conséquence l'impossibilité
au final d'asservir l'humanité à un ordre
contre-nature. Hélas, cette issue naturelle et
logique ne se dessinera qu'après une somme de malheurs et de
sang versé qui affecteront certainement la
démographie mondiale.
En attendant, la France en s'engageant aux yeux de l'humanité sur la voie du choc des civilisations dans les troupes d'une armée de pays supplétifs, sans fondement populaire et servant des intérêts hégémoniques, non seulement ne portera plus le discours original qui a toujours été le sien sur la scène internationale et qui a fait tant de bien aux nations opprimées devenues de solides amies, mais facilitera le chaos qu'elle avait une chance de combattre. Elle va ainsi perdre le fil de l'histoire de l'humanité qu'elle avait eu l'intelligence de tenir chaque fois que ces dirigeants avaient porté le regard au-delà du présent.
C'est en cela que le navire dans lequel la nation monte à son corps défendant en s'aliénant aux Etats-Unis via l'OTAN, risque fort de devenir une galère dans tous les sens du terme.
NB: Merci de signaler les liens inactifs. Une copie PDF de ceux-ci vous sera adressée.
(1)Dès
son accession au pouvoir en 1958, son cabinet noir est sous
contrôle américain et il est assisté du
colonel
Jacques Foccart, cofondateur des stay-behind
en France.
(2)On
connaît le Clandestine
Planning Committee (CPC) et l’Allied Clandestine Committee
(ACC).
(3)
Le réseau Gladio désigne l’ensemble
des armées secrètes européennes qui
étaient sous la
direction de la CIA.
(4)
C’est une tactique qui
consiste à commettre soi-même des attentats
criminels et à les attribuer à
quelqu’un d’autre. La tension
signifie la tension
émotionnelle crée par un
sentiment de
peur. La stratégie
signifie tout ce qui provoque et crée le rejet
des populations vis-à-vis
d’un groupe
ciblé susceptible d'incarner à ses yeux soit un
modèle de société que l'on ne veut pas
voir s'installer, soit le ferment pouvant catalyser la
rébellion populaire face au pouvoir que l'on a mis
en
place. L’expression
stratégie de
la tension a été entendue pour la
première fois en 1969 après
l’attentat de la Piazza Fontana
à Milan.
(5)
False Flag Operations (opérations faux drapeaux) est
l’expression utilisée pour désigner des
actions terroristes, menées secrètement par des
gouvernements ou des organisations, et que l’on fait
apparaître comme ayant été
menées par d’autres. L'expression fausse barbe est
aussi employée pour désigner ce type de
manipulation.
(6)
Pour faire adhérer, motiver
ou mobiliser des populations pour et dans une
croisade, il
est nécessaire qu'elle soit justifiée par l'appel
à des sentiments très fortement liés
à la culture, à la religion et à la
sauvegarde d'une identité commune, et qu'elle s'oppose
à un ennemi dont la culture, la religion et
l'identité sont suffisamment différentes ou peu
connues pour
permettre de lui attribuer une vocation
hégémonique. Comme l'histoire des croisades
chrétiennes l'a montré, il s'avère
toujours que la justification officielle d'une croisade est
très éloignée de son but
réel, accessible seulement à quelques
initiés. Dès lors, les racines
judéo-chrétiennes sur lesquelles s'appuient les
neo-conservateurs américains et leurs pendants
européens pour fédérer autour de
"l'axe du bien", de "la liberté" ou de "la
démocratie" sont évidement un moyen de
susciter l'adhésion populaire en agissant sur la
nécessité de sauvegarder des repères
culturels (donc vitaux) qui seraient mis en danger par un ennemi
belliqueux. Cette manipulation classique qui faisait dire à
Napoléon qu'il se convertirait à la religion du
peuple qu'il voulait conquérir si cela le permettait
rapidement et à moindre frais, ne résiste pas au
constat que les actes des instigateurs et des chefs de cette
croisade de "l'axe du bien" sont totalement opposés
à l'expression des valeurs
judéo-chrétiennes populaires de paix, de
vérité, de charité,
etc... Cela dit,
comme cela fait longtemps qu'il y a un abîme entre
les
"valeurs" comprises par les fidèles, les citoyens ou les
sujets et leur mise en pratique par ceux qui s'en sont
fait les gardiens, on peut comprendre que la tactique continue de
fonctionner sans que la légitimité de ces
derniers en souffre au point d'anéantir leurs coupables
intentions.
(7)
Etant précisé que ce modèle ne
correspond pas à la réalité mais
à un mythe passé, projeté par l'image
hollywoodienne d'un James Dean coloré de John
Wayne que voudrait d'ailleurs illustrer Georges Bush quitte
à
se transformer en
docteur Folamour usant des ficelles et de la
puissance d'un
pouvoir à la Néron pour faire vivre ses
rêves. Ce mimétisme d'admiration adolescente d'une
Amérique de cinéma et de paillettes entre les
deux
présidents va d'ailleurs jusqu'à la
réciprocité de compliments grossiers comme le qualificatif surréaliste
de "réincarnation
d'Elvis"
attribué par M. Bush à M. Sarkozy qui venait de
se
démentir une fois de plus en lui donnant un contingent
militaire
français pour traquer le fantôme de Bin
Ladin en
Afghanistan.
(8)
Il
ne s'agit évidement pas ici du Peuple Américain,
mais de ses dirigeants.