La trouvaille des "services à la personne" censés être un grand bassin d'emploi que l'ex-ministre du secteur, Jean-Louis Borloo, avait entrepris de convaincre qu'ils représentaient le débouché d'avenir pour deux millions d'anciens salariés dont le boulot était supprimé (je veux parler d'un emploi avec un vrai salaire, même minime) ou ceux qui n'en trouvaient plus, va rapidement devenir obsolète à défaut d'avoir été crédible.
On nous annonce en effet qu'une nouvelle race de "travailleurs ménagers" sans salaire est en fabrication pour alimenter la filière remise au goût du jour des "gens de maison". Même le mobilier statique devrait y trouver une âme comme l'annonce le robot-fauteuil Hubo-FX-1.
A la lecture de cette information coréenne, on découvre en effet que des robots vont rapidement prendre leur fonction de larbins ménagers dans chaque foyer ou remplacer le "personnel de maison" pour ceux qui en bénéficient déjà, et ce pour pas un rond hormis le coût de l'achat. Par voie de conséquence on peut logiquement prophétiser sans grand risque que l'étape suivante verra une seconde génération de robots remplacer d'abord quelques catégories de salariés dans le monde de la surveillance en pleine expansion et du travail tout court, puis petit à petit, se substituer à l'ensemble des "productifs".
La science-fiction nous y avait préparé, la science en fournit les moyens et les docteurs Folamour qui mènent le monde et l'humanité n'ont plus qu'à récupérer, comme d'habitude, la technique pour rationaliser leurs folies. Après tout, puisque les dieux ont créé l'homme pour les servir, il n'y a rien d'illogique à ce que leurs successeurs ou leurs réincarnations ou leurs clones terrestres ne décident une nouvelle race de serviteurs plus dociles.
Mais il semble que le problème du comportement de la main d'œuvre que l'on penserait voir disparaître avec le remplacement des humains par des machines puisse en partie subsister, au moins potentiellement, dans ce qui est le moins acceptable pour l'employeur ou le maître, à savoir les états d'âme du personnel.
C'est probablement en envisageant cette éventualité et conscient du risque que les humanoïdes électroniques peuvent avoir reçu un grain d'humanité insufflé par l'intelligence humaine qui les a crée pour en faire de gentils clones que les nouveaux dieux ont songé à instaurer par anticipation et par précaution un Code éthique des devoirs du robot.
Par un curieux mimétisme ou une bizarre
coïncidence, ce Code
ressemble fort aux principes
essentiels des Tables de la Loi réglant les relations entre
les hommes et leur(s) dieu(x).
Ainsi, les commandements qui stipulent que les robots ne
doivent pas nuire aux
humains, doivent leur obéir et veiller à
préserver leur propre existence peut se traduire par: Tu
adoreras ton dieu, tu n'obéiras qu'à lui et tu
préserveras ta vie.
On peut aussi voir dans cette information un aspect beaucoup moins humoristique.
Tout indique que les
robots sont de plus en
plus considérés comme des
êtres pensants doués d'une certaine raison.
Un
programme britannique
réunissant entre autre des biologistes,
des sociologues, des philosophes, des historiens et des
spécialistes en robotique va d'ailleurs étudier
le comportement d'une soixantaine de ces humanoïdes
enfermés dans un local pendant quatre ans, façon
Loft Story.
Le nom de ce
programme suffit à en comprendre la portée: "L’émergence
d’une culture artificielle dans une
société de robots". Bref, tout
ce qui ressemble à une nouvelle
humanité, .... pardon une
roboïté.
Par voie de conséquence, comme ces robots vont remplir rapidement les taches actuellement accomplies par l'humanité, je ne vois pas ce qui, du point de vue des maîtres du monde dont on connaît la froide matérialité, justifiera à leurs yeux que cette dernière puisse encore être d'une quelconque utilité. Dans cette hypothèse, quel sort peut lui être réservé ? Pandémie généralisée, catastrophes "naturelles" opportunes, eugénisme, psychiatrisation avant déstockage ?
Si l'annonce de l'utilisation de ces avancées technologiques n'est pas rassurante sur l'avenir proche de l'humanité, elle a au moins l'avantage de nous faire sortir de la science-fiction pour nous plonger dans la réalité. C'est ce qu'a suscité un récent débat qui s'est tenu à Londres et dont l'objet était de souligner les risques potentiels de la technologie robotique. L'animateur de cette conférence, Noel Sharkey, roboticien à l'Université de Sheffield y a posé clairement le problème de cette réalité en concluant "Ce dont nous avons besoin est d'informer les gens, pour que se tienne en Europe, en toute connaissance de cause, un débat public qui permettra aux citoyens de décider de l'usage futur des robots".
N'est ce pas dans la
confrontation avec cette réalité et ses
conséquences que le
gène de l'humanité que nous possédons
tous plus ou moins est le plus à même de se
réveiller et de générer l'instinct de
conservation qui est le meilleur antidote face aux
prédateurs de tous poils et de toutes ambitions ?.
Compte
tenu de l'urgence avant le point de non-retour
définitif qui est très proche, la
question vitale est moins de s'interroger sur la fonction
future des robots que de décider ou non de nous
débarraser définitivement des docteurs Folamour
avant qu'ils ne se débarrassent de nous.
Voir aussi:
Un guide mais aussi un gardien en attendant de devenir un chef.
A
la ville comme à la maison, des serviteurs
zélés qui vous suivent à la trace.
Mon ami
le robot.
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