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LES TRAVAUX PRATIQUES DE L'EXPERT EN ADDICTIONS ALCOOLIQUES

journal

Les faits divers sont un très bon indicateur du fonctionnement de la société. Depuis une trentaine d'années les "chutes sur la voie publique", les feux de cheminée, les vols à la roulotte ou les minous coincés dans l'arbre, côtoient les ecclésiastiques aux mains baladeuses, les fonctionnaires ripoux ou les professions libérales vraiment très libérales.

Voici donc une info de première qualité qui devrait à coup sûr animer les conversations autour du zinc d'un Bar digne de ce nom. Pour l'habitué du petit noir, du blanc-cas ou du Vittel fraise, celle-ci cumule autant d'invitations à l'humour vivifiant du bon sens populaire qu'à la saine dérision qu'inspirent de plus en plus les donneurs officiels de leçons ou les "élites" moralisatrices.

L'insoutenable légèreté de ce psychiatre spécialiste du traitement des addictions alcooliques, c'est à dire des accros à la dive bouteille, lui-même très concerné, est révélatrice d'une conscience qui ne fait pas bon ménage avec l'idée que l'on se fait de ceux qui inspirent et réclament le respect de la société. Heureusement, il reste encore chez quelques usagers du comptoir ou d'ailleurs, une ancienne souche de bon sens qui pousse instinctivement à considérer que le respect n'est pas un dû et qu'il s'obtient uniquement sur des actes. En clair c'est au pied du mur que l'on apprécie le maçon, et pas seulement au pied du mur du Temple. En l'occurrence, l'homme est très en dessous de ce que l'on attend d'une élite de la société. 

Effectivement, la transgression des règles sociales par ce "spécialiste" apparaît, au filtre du bon sens, encore plus révélatrice d'un système dont la vitrine défraîchie évoque un commerce douteux ou les têtes de gondoles n'ont pas toutes la qualité affichée par l'étiquette.

Certes, nul n'est interdit du réconfort que procure le Nectar des Dieux. Eux-mêmes en étaient friands et ne devaient pas échapper de temps en temps à la compagnie des éléphants roses à pois verts, n'en déplaise à leur réputation et à leur sainte image. Par contre et pour une raison de simple cohérence, il est plus difficile de trouver quelques excuses aux "manquements impardonnables" dont ce "spécialiste" s'est rendu coupable et qui aurait valu au citoyen-délinquant ordinaire un séjour "moralisateur" dans l'une des pensions de famille surpeuplées de la république-qui-se-protège.

Boire ou conduire, il faut choisir. Celui-ci a choisi en toute connaissance de cause et de conséquence. Venant d'un expert connaisseur des effets de l'alcool sur le comportement, c'est rien moins que de la préméditation avec la circonstance aggravante de la provocation.

Mais notre psychiatre ne s'est pas contenté de cette infraction. Il conduisait sans permis. L'article ne nous dit pas si cette absence de permis de conduire était l'effet d'une suspension administrative due à une cause identique. Pudeur ou charité, le doute l'emporte et la curiosité reste.

Pour corser le tableau il s'est avéré qu'il n'était même pas assuré. Serait-ce pour des raisons financières, à l'image d'un nombre croissant de concitoyens, que notre homme s'est exonéré de l'assurance obligatoire de sa responsabilité civile de conducteur ? Difficile à croire.

En tout cas ce cumul d'irresponsabilités est bien grave pour un psychiatre dont l'essentiel du travail est de traiter ceux qui, par la maladie ou la dépression, perdent dit-on, leurs repères et les normes. Inconscience ou sentiment d'impunité ?

Ca fait même beaucoup dans le plateau de la balance que n'arrive pas à équilibrer l'argument des "souffrances personnelles" traversées. On imagine assez bien comment le citoyen lambda aurait été renvoyé dans les cordes s'il avait utilisé une excuse de ce calibre devant un tribunal, fut-elle véridique.

Mais il y a plus intéressant encore. La bizarre mansuétude du tribunal tranche avec le couperet rapide qui s'abat actuellement sur les délinquants ordinaires, vous et moi, avec en prime la leçon de morale, d'autant que l'argumentaire selon lequel le médecin est apte à se soigner lui-même puisqu'il soigne ses patients est contredit ici par la réalité des faits. 

J'entends déjà à l'autre bout du comptoir que la décision du tribunal serait fraternelle. Cette conclusion appartient à son auteur anonyme, mais cette éventualité est une piste intéressante car elle pourrait bien fournir le code de compréhension de toute l'histoire.

Le respect que la société attribue de droit et à-priori aux  "experts" et aux "spécialistes" dans tous les secteurs est régulièrement heurté par des comportements et des pratiques ou l'humain déteint singulièrement sur la fonction. S'en suivent les approximations qui rivalisent avec l'incompétence, quand il ne s'agit pas purement et simplement de la mystification ou de la subjectivité. La récente affaire d'Outreau, arbre qui cache la forêt, en a apporté une preuve édifiante. Difficile ensuite d'exiger le respect quand on produit de tels exemples.

Par voie de conséquence se pose le problème fondamental de la sélection ou du maintien de ces "spécialistes" dans des fonctions qui requiert un minimum d'intégrité morale. Comme il ne peut exister ni école, ni diplôme pour acquérir et attester de cette qualité, c'est donc vers les "sélectionneurs" qu'il faut jeter un coup d'oeil.

En attendant, souhaitons aux patients de ce malheureux psychiatre qui n'auraient pas lu le journal, de bénéficier du même traitement que lui dans le cas ou les conséquences de leur addiction à l'alcool les conduiraient devant un tribunal.  

Paul-Vincent PAQUET© Juin 2006
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