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L'ŒUVRE DE L'ABBE PIERRE TÉMOIN À CHARGE AU PROCÈS DES GOUVERNANTS

Comme il était prévisible, la mort de l'abbé Pierre a suscité une grande émotion populaire aussi profondément sincère que totalement légitime. C'est toujours ainsi que cela se passe quand une Conscience populaire ne précédera plus l'appel de ceux qui ne comptent pas, de ceux qui vivent le malheur programmé, ou de l'immensité de ceux dont la vie est la conséquence des manquements, des incohérences et des folies des gouvernants qui "gèrent" la société.

A la tête du cortège des hommages posthumes se précipitent comme l'éphémère aimanté par la lumière du réverbère, d'autres "consciences" qui portent par réflexe l'humanisme en écharpe. Ceux qui ont la particularité de jouer des coudes pour apparaître chaque fois qu'une vague d'émotion populaire pourrait leur permettre de s'afficher en partage de ce qui réuni spontanément les citoyens.

C'est ainsi qu'ont afflué les déclarations impudiquement grandiloquentes des "politiques", gouvernants en place ou en devenir et des pouvoirs religieux ou sociaux. Et cela dans les minutes qui ont suivi l'annonce de la mort de celui dont la plus haute de ces "consciences" n'arrivait pas au bas de la cheville.

Car l'action et l'œuvre de l'abbé Pierre n'auraient jamais du exister si les gouvernants de nos démocraties modernes faisaient ce pourquoi ils ont reçu mandat des citoyens et qu'ils prétendent être mieux à même de faire que d'autres, c'est à dire de veiller par tous les moyens qui leur sont confiés à la sécurité vitale de toute la population, à commencer par le partage des besoins alimentaires, la protection d'un toit et la chasse aux prédateurs.

Pire encore, la situation qui a poussé l'abbé à lancer ce combat en 1954 contre les effets de la misère est directement la conséquence de l'absence de réaction des gouvernants à une situation d'urgence dont ils ont le devoir et  l'obligation, mais surtout les moyens, de donner une réponse immédiate. La médiocrité n'explique pas tout. La cécité idéologique ou culturelle est aussi une cause quand il ne s'agit pas tout simplement du sentiment de supériorité propre à tous ceux qui se prennent pour les bergers du troupeau humain. En tout cas, l'imposture a sa grande part de responsabilité

On pourra toujours s'insurger avec sincérité ou violence contre la misère tant qu'on n'aura pas compris qu'elle n'est que la conséquence d'une logique d'organisation sociale purement idéologique et matérialiste basée sur le concept social de faibles et de forts jésuitiquement moralisé par la notion de charité destinée à maintenir la situation en l'état. Tous les régimes successifs ou qui s'affrontent reposent sur cette logique. Or, s'il existe effectivement des forts et des faibles, tout le problème réside dans les critères qui les déterminent humainement et dans le choix retenu pour les traduire socialement.  

Ainsi, ceux qui sont poussés dans la catégorie des faibles de la société ne le sont qu'en raison de la norme matérielle dont les paramètres imposés ne sont ni naturels, ni logiques économiquement. Par voie de conséquence, les forts ne le sont qu'en fonction des mêmes paramètres ou plus exactement en fonction de leurs aptitudes à servir ce système.

Ceci devrait nous faire réfléchir avec un peu de recul sur les raisons profondes des mérites et des compétences que la "société" nous reconnaît individuellement et dont nous pensons sincèrement être seuls responsables. Tout comme nous devrions nous interroger sur la pertinence et la justesse des sanctions ou des rejets qu'elle nous inflige. Mieux encore, cette réflexion personnelle devrait s'appliquer à l'autre, le lauréat comme le recalé, l'exclu comme le puissant,  le justiciable comme le juge. Que respectons-nous ? Des vérités enseignées ? Des compétences avérées ? Des symboles ? Des tigres de papiers ou des Tigres ? Des Borgias ou des abbés Pierre ? Des "économistes" ou des paysans ?         

Une bonne part des exclus d'aujourd'hui encore plus que d'hier vous expliquera comment les dés sont pipés, comment les talents nécessaires à l'humanité sont habilement écartés par les pseudo règles de sélection des "élites", comment les vraies "consciences fortes" sont humilées, marginalisées et détruites, comment le bon sens oblige à voir dans la fatalité une construction délibérée. Ils vous expliqueront aussi en quoi la charité est le complément moralisant au maintien de la situation ou comment la fausse compétition est un puissant moteur d'acceptation.

Aujourd'hui, cette "matrice" se dévoile au grand jour pour uniformiser toutes les populations de la planète.  Le "fort" est issu du monde économico-politico-administratif qui crée les règles de dépendance au système tout en perpétuant la charité au travers des ONG et des appels aux dons pour suppléer ce qui n'est volontairement pas fait. Les prêtres de la religion humaniste sont les penseurs de l'ombre dont les diacres sont les "politiques" et ceux à qui est confié la caisse. A l'évidence, cette camisole à la vocation d'enfermer l'humanité sur un échiquier virtuel ou chaque individu se voit affecté un "destin" en fonction de son aptitude à servir le système et surtout pas à faire profiter l'humanité de ses qualités propres.

Bref, les faibles voués à la misère sont en fait des "affaiblis" dont les talents naturels et les richesses vont à l'encontre de la finalité du système.

Et si le malheur n'était pas simplement la conséquence de l'abandon de notre pouvoir individuel à décider de notre vie, commune et individuelle ?

"Le monde ne sera sauvé, s'il veut l'être, que par des insoumis" écrivait  André Gide. De même, la misère, l'exclusion et la mort prématurée qui seront à l'évidence le lot d'une grande quantité d'habitants de la planète dans les quelques années qui viennent ne seront empêchés que par des insurgés qui ne respecteront ni les tigres de papier ni les Tables de leurs Lois

La conclusion de cette chronique revient légitimement à celui qui l'a inspirée:

abbe pierre magneto

Paul-Vincent PAQUET© Janvier 2007
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Note: Il est question ici de l'homme et non de l'écclésiastique qui a été un alibi à la hiérarchie de sa religion

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