L'annonce de l'excommunication par l'archevêque de Récife au Brésil - Dom José Cardoso Sobrinho - de la mère et du personnel médical ayant décidé et réalisé l'avortement d'une gamine de 9 ans, enceinte de jumeaux consécutivement au viol de son beau-père, a eu un effet détonnant à travers le monde.
Même si la hiérarchie vaticane par le biais de Mgr Rino Fisichella, président de l’Académie pontificale pour la Vie a mis de l'eau dans le vin de messe en raison des réactions qui commençaient à mettre en péril l'image de son église et que la Conférence nationale des évêques du Brésil a fini par annuler en partie l'excommunication, il n'en reste pas moins vrai que le fond de l'affaire est révélateur d'une pensée profonde qui s'opposent à l'humanité et au bon sens.
Depuis des siècles l'église vaticane s'ingénie à édicter des dogmes qui heurtent la logique humaine et entraînent souvent des conséquences monstrueuses en terme de de malheurs et de sacrifices humains, d'injustices ou de ségrégations sociale et raciale.
De ce fait, il est difficile de comprendre cette "stratégie" autrement qu'en faisant appel aux ressorts de la mystique élitiste qui invitent les fidèles à se démarquer du reste de l'humanité en adhérant au principe du sacrifice des innocents et du malheur rédempteur.
Si cette technique a fait ses preuves - et pas seulement dans le domaine religieux - elle finit toujours par atteindre son point de rupture quand la société ou les individus se trouvent confrontés à une masse d'injustices que la culpabilisation ne permet plus d'accepter.
Dès lors, le messianisme de façade fait place à l'intégrisme dogmatique et convulsifqui annonce en général l'agonie des groupes de pensées étant ou ayant été détenteurs d'un pouvoir social prédominant basé sur une spiritualité faite d'asservissement à des règles et à une hiérarchie cléricale.
Dans la période actuelle de folie jusqu'au-boutiste remplie de sombres manipulations, de double-langage, d'hégémonisme outrancier et de paupérisation globale, il n'est donc pas illogique que le réflexe excommunicateur (en clair le rejet, le bannissement, le mépris, le dégoût) puisse être la dernière arme à la disposition d'un pouvoir religieux sur le déclin surtout dans une région où il bénéficie encore de la légitimité que lui donne la matrice sociale et morale qu'il a crée.
Dans cette perspective, l'excommunication qui sanctionne l'avortement de cette gamine (doublement victime) et banalise le viol qui en est l'origine au rang de "phénomène de société" apparaît monstrueusement révélateur d'une pensée qui se fonde sur l'obligation d'accepter le malheur et de prodiguer la compassion vis à vis de ses causes au besoin en les justifiant par "la main de Dieu".
Mais après tout, n'est-ce pas l'expression du dogme sacrificiel des innocents et la sublimation du malheur rédempteur sur lequel l'église vaticane a fabriqué sa kyrielle de saints comme autant de modèles pour ses fidèles, quitte à favoriser leur production en oeuvrant dans la coulisse et parfois clairement, à la création ou à l'expansion des malheurs dont l'humanité n'est pas porteuse à l'état naturel ?
A lire en complément: L'excommunication ou la tentation d'un dogme de plus en plus éloigné de l'humanité.
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